Participation à la conférence AfricAI 2023 à Kigali, Rwanda

Contexte

Au cours de cette mission, nous avons pris part à deux évènements majeurs: 

  • la conférence AfricAI qui s’est déroulée du 12 au 14 juin 2023 à Kigali, plus précisément à Radisson Convention Centre ;
  • un atelier de la communauté d’Afrique francophone pour les données ouvertes (CAFDO) auquel nous avions été invité à prendre part, qui s’est déroulé dans la journée du 15 juin dans le même centre de conférence.

La conférence AfricAI a connu la participation de plusieurs pays tels que le Burkina Faso, le Sénégal, le Togo, Tunisie, le Mali, etc. pour les pays francophones et également des pays anglophones comme  le Ghana, le Nigeria, la Zambie, l’Ouganda, le Canada, etc. qui étaient fortement représentés. 

L’objectif de cette conférence était de regrouper les praticiens du domaine des données, de l’intelligence artificielle, des décideurs politiques, des chercheurs, et les grands investisseurs qui font de la promotion de l’IA l’une de leurs priorités comme secteurs d’investissement, pour aborder plusieurs questions relatives à l’avenir de l’IA en Afrique.

Déroulement

Tenue sur 3 jours, AfricAI a connu la participation de près de 300 participants, environ 40 sessions dynamiques et participatives, et une grande diversité de sujets et de domaines allant de l’application, de la politique et la recherche liée à l’IA se sont déroulées parallèlement (voir fiche de programme). Nous aurions aimé pouvoir participer à l’ensemble des sessions qui abordent des contenus très riches, mais compte tenu de l’organisation parallèle des sessions, nous avons dû faire des choix au détriment de certaines d’entre elles.

1er jour – sessions participées :

Cette journée a commencé avec l’enregistrement des participants, suivi de la cérémonie d’ouverture. Cette cérémonie était l’occasion de rappeler l’objectif principal de la conférence, à savoir les stratégies et moyens que nous devons mettre en place pour que l’Afrique s’approprie de ces nouvelles technologies au bonheur de sa population, que l’Afrique ne soit pas observateur mais plutôt un potentiel contributeur. 

À la suite de cette cérémonie, nous nous sommes dirigés vers le 1er atelier intitulé “NLP application for low-ressources languages: Case of Swahili Language”. Cet atelier a particulièrement retenu notre attention pour plusieurs raisons – au Burkina nous sommes confronté aux mêmes problèmes de langues locales, comment l’IA peut nous aider à développer des solutions qui puissent contribuer à un développement responsable et durable en s’appuyant sur nos langues ? – nos langues locales sont très parlées mais très peu documentées,  comment nous y prendre pour la mise en place de solutions de collecte de données ou de solutions algorithmiques en exploitant le peu de données que nous disposons ?

À l’issu de cette présentation, nous retenons principalement deux points : (1) il faut commencer à mettre en place des solutions avec le peu de moyen que nous avons à notre disposition  (chose que nous avons déjà entamée au niveau du centre CITADEL), (2) trouver un mécanisme de collecte de données, notamment celui de l’apport du grand public (approche participative), arriver à faire comprendre la population, l’intérêt de la disponibilisation de telles données afin qu’elle adhère. Bien vrai que des appels à financements sont souvent proposés pour la constitution de jeu de données, l’apport grand public reste l’un des moyens le plus efficace pour pouvoir mobiliser les données en grande quantité tout en faisant passer un message de sensibilisation. Nos initiatives actuelles au niveau du centre CITADEL en collaboration avec OpenBurkina nous confortent dans l’idée que nous sommes dans la bonne direction, vis-à-vis de ce que nous avons pu constater des initiatives des autres.

Notre deuxième session à porté sur le thème “Gender and Inclusion challenges in AI4D: Learning from each other”. En matière d’IA, la question de l’inclusion de personnes défavorisées (genre, discrimination, exclusion, etc.) revient très régulièrement. L’objectif de cette session était de partager nos expériences en matière d’initiatives locales, comment est-ce que chacun de nous aborde la question dans sa structure de recherche ? Quelles mesures sont mises en place ? Sommes  nous vraiment conscient de l’importance que la question d’inclusion dans la mise en place de solution durable ?  Au cours de cette session, nous avons pu échanger sur ces questions et nous avons appris des uns et des autres. Il faut noter que certains, notamment venant des pays francophones sont déjà en avance sur cette question.

Nous terminons notre troisième session de la journée intitulée “Innovative Marketplace – research paper presentation on responsible AI innovations”. Cette session s’est focalisée sur des papiers de recherche, notamment d’étudiants venus du Ghana, qui ont tenté d’aborder les problématiques d’IA responsable avec quelques cas d’application.

2ème jour – sessions participées :

Pour cette journée, nous avons pris part à la session “Lacuna Fund Datasets, Use Cases and Sustainability”. Lacuna est un organisme qui octroie des financements par appel à projet, pour encourager la collecte de données dans les pays les moins développés comme le Burkina Faso. Lors de cette session, nous avons pu prendre connaissance de leurs motivations et des réelles volontés de contribuer à la mise en place de solution d’IA responsable et cela, en facilitant la collecte de données dans divers domaines et thématiques. C’est une occasion pour nous de rester à l’affût de leurs prochains appels pour proposer des projets de collecte de données dans notre contexte.

Après la session sur la collecte de données, nous nous sommes dirigés vers une seconde session de Lucana qui n’était rien d’autre que la suite de la première. À la différence de la première, l’objectif de cette session était de discuter avec ceux qui ont déjà bénéficié des financements de Lacuna pour collecter des données. Les différents bénéficiaires ont présenté leur projet de collecte de même que les données qu’ils ont pu mobiliser avec le financement. Nous nous sommes regroupé ensuite par équipe et par thématique (données collectées) pour identifier les potentiels cas d’utilisation possible avec ces données, les insuffisances et les potentielles pistes à mettre en place pour la diffusion de ces jeux données. À la fin de cette session, chaque producteur de données repartait bien outillé sur les cas d’usage possible ainsi que des initiatives à mettre en place pour une utilisation responsable de son jeu de données.

Pour terminer la journée, nous avons pris part à la session intitulée “What does AI for maternal, Sexual and Reproductive health mean to you ? Stakeholders perspectives.” Le contenu de cette session a couvert les points sur les cas d’utilisation possible de l’IA pour améliorer la santé maternelle et infantile. Il s’agissait tout d’abord pour chaque participant, de voir les principaux éléments dans son pays qui affectent la santé maternelle et infantile et de se projeter pour voir, quelles types de données peuvent aider à mieux cerner ce problème tout en identifiant les principales causes, quelles solutions pourraient être mises en place pour résoudre ce problème. Et surtout, comment l’IA peut nous aider à mettre en place des solutions robustes, responsables pour réduire les problèmes de maladies, de décès qui handicapent le développement de nos pays.

3ème et dernier jour de AfricAI- sessions participées:

La première session auquel nous avons pris part était intitulée “Participatory Approaches to building an AI early warning system for Maize in Kenya”. Lors de cette présentation, une équipe du Kenya nous a proposé une présentation sur un outil d’IA qu’elle a mis en place pour lutter contre les maladies qui s’attaquent aux feuilles de maïs. Ce projet à beneficier d’un financement de Lacuna, mais à également connu un volet participatif communautaire de la part des agriculteurs qui ont compris l’intérêt d’un tel outil pour leur production. Il s’agit de solution qui nécessite un temps pour la collecte et l’étiquetage de données, mais qui peut être reproduite dans un pays comme le Burkina Faso, que ce soit sur le maïs ou un autre produit agricole (ex: sorgho, haricot, etc.).

Nous avons terminé cette journée avec l’ensemble des participants en faisant le point sur les différentes sessions qui se sont déroulées au cours des trois jours. 

4ème jour – atelier de CAFDO

Nous avons pris part à cet atelier à la suite à l’invitation de la CAFDO, qui a bien voulu nous inclure dans les discussions et recueillir nos idées afin de définir un plan stratégique et proposer un schéma directeur pour la création, la gestion et l’ouverture des données dans la zone francophone. Lors de cet atelier, nous avons pu prendre connaissance des activités menées par la CAFDO qui se veut être un cadre stratégique qui envisage un potentiel transformateur des données en vue de contribuer à l’autonomisation des pays africains, d’améliorer la vie des populations, de sauvegarder les intérêts collectifs, de protéger les droits (numériques) et de favoriser un développement socio-économique équitable. Au menu des échanges, nous avons pu aborder à tour de table, les questions suivantes : Qu’est-ce qui manque au niveau de l’écosystème actuel ? Quelle est la valeur ajoutée de la CAFDO dans le domaine des données ouvertes ? Quel est le rôle de la CAFDO dans le développement des politiques plus inclusives ? Avec quels acteurs clefs la CAFDO doit-elle travailler ? Au niveau régional ? au niveau national ? Et enfin, comment chaque membre de la CAFDO peut-il contribuer ? Les tentatives de réponses à ces différentes questions ont permis d’avoir des éléments de lignes directives pour la CAFDO et aussi de connaissances hétérogènes venant de différents pays pour bien mener sa mission.

Ce que nous retenons de cette semaine à Kigali

  • Nous devons oser, prendre des initiatives de projets qui vont contribuer à collecter des données, à développer des algorithmes qui seront soumis à nos conditions, à nos réalités et à nos besoins ;
  • Nous devons mettre en place des stratégies de communication afin de faire véhiculer les travaux de recherche que nous menons au sein de nos structures de recherche ;
  • Nous devons sortir très souvent pour voir comment les uns et les autres travaillent afin de nous en inspirer ;

Pour terminer, cette semaine a été une occasion pour nous de rencontrer divers acteurs de la recherche, de l’industrie et de bailleurs de fond. Nous espérons bien  avoir l’occasion de multiplier ces types de voyages qui nous permettent de réseauter et de créer de vraies plus values pour nos institutions d’origine.

Post a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *